20 mars 2016

Tes baisers sur mon ventre de neuf mois comme une douce nuit d'été, à regarder les étoiles filantes chatouiller l'immensité du ciel.

17 mars 2016

Made with love,



Maintenant que j'arrive à la fin de ma grossesse, j'ai ce sentiment étrange, paradoxal, intime et profond d'être impatiente, prête et heureuse, mais aussi cette appréhension, cette peur, et toutes ces questions qui se bousculent comme au bowling, sauf qu'il n'y a aucun strike. Au neuvième mois, on lit et on entend un peu partout que c'est l'accouchement qui fait peur, qui peut même en terrifier certaine, que la maman commence à se poser des questions sur la péridurale, l'épisiotomie, la poussée, l'allaitement, etc. Mais moi, ce ne sont pas du tout celles-là qui me tracassent. J'ai passé mon second trimestre à les anticiper, à les élucider, pour être le plus sereine possible le jour J. Et je me sens plus ou moins sereine, face à cette arrivée imminente, cette médicalisation, et cette douleur, j'ai anticipé tous les scénarios possibles, j'en ai bien discuté avec ma sage-femme, avec mon conjoint, et j'ai fait abstraction des autres discours extérieurs, qui peuvent être - inutilement - anxiogènes. L'accouchement peut arriver, je sais ce qu'il m'en coûtera, mais je sais surtout ce qu'il m'en récompensera.
Si ça se bouscule tant dans mon esprit - à croire que nous sommes cinq dans ma tête - c'est pour cet après, tout cet après, ces mois, ces années, qui vont passer, et qui vont faire de ce petit être, un être humain, un grand être humain.

Mon conjoint et moi avons décidé, avant même sa conception, que nous garderions la surprise du sexe, jusqu'au bout. Nous avons tenu et pour le peu qui nous reste à franchir maintenant : nous tiendrons. Beaucoup de gens ont été surpris de cette décision, beaucoup nous ont aussi affirmé qu'ils n'auraient pas notre volonté et notre patience face à cet élément. Pourtant, G. et moi sommes tellement heureux de cette première décision, parmi quelques autres, qui l'impliquaient. Nous avons le sentiment d'être dans une société qui n'attend plus, qui ne patiente plus, qui saisit toutes les occasions pour connaître avant l'heure, pour avoir lu le livre avant même qu'il n'ait été écrit, qu'il s'agisse d'une grossesse mais de bien d'autres choses également, et nous ne voulions pas être embrassés par la précipitation, de cette façon, pour ce petit bébé. Dieu sait pourtant que je suis une personne très impatiente, et que j'aime bien lorsque les choses vont vite (je fais aussi partie de cette société, je ne suis pas mieux qu'un autre). Ce bébé attend bien neuf mois, avant de nous rencontrer, alors pourquoi pas nous ? 
Cette décision nous rend heureux, a forgé notre caractère (et notamment la patience, qualité dont on a bien besoin lorsqu'on élève un enfant), a développé notre complicité et a ajouté un embellissement supplémentaire à notre vie de couple. C'est vraiment sans regrets, aucun, et nous nous projetons déjà de recommencer pour le second.
Néanmoins, cette décision participe aussi aux questions qui me taraudent, car cela m'empêche de les canaliser, de les diriger au bon endroit : toutes les questions ne sont pas les mêmes, lorsque c'est un garçon ou lorsque c'est une fille, et forcément je double le dé.

Serai-je une bonne mère ? Je suis persuadée du merveilleux rôle de père que jouera mon conjoint, mais... et moi ? Serai-je à la hauteur ? Vais-je arriver à m'impliquer ? Et si je prenais peur, la première fois que je le verrai, si petit, si frêle, dans mes bras ? Et si je regrettais ? Peut-on seulement regretter ? Je vois déjà venir les super mamans "parfaites", ouuuuuuh mais comment peux-tu penser des choses pareils... J'ai au moins le mérite de me les poser et je sais que je ne me les poserai pas dans vingt ou trente ans, quand il sera trop tard. De toute façon, dans la vie courante, je suis quelqu'un qui préfère élucider que nier, alors...
Et si on lui découvrait un retard psychomoteur à dix mois ? Et s'il avait quelques soucis physiologiques de nouveau-né, comme le RGO, comme un frein de langue qui l'empêche de téter ? Et s'il n'arrivait pas à faire ses nuits ? Et s'il avait un système immunitaire faible ? Et s'il tombait souvent malade ? Est-ce que je serai une bonne mère ? Est-ce que je serai capable ? Est-ce que je saurai faire ?
Vais-je tout lui donner ? Tout sacrifier pour lui ? Trouverai-je l'équilibre ? Saurai-je lui laisser suffisamment d'espace, suffisamment d'autonomie ? Vais-je lui transmettre mes peurs ?
Serai-je mais saurai-je être une bonne mère ? Serai-je et saurai-je être toujours une bonne femme, une bonne épouse ? Serai-je et saurai-je être continuellement ta femme, ton amante et ta meilleure amie ? Saurai-je lui donner la place et toute l'affection qu'il mérite, sans pour autant qu'il empiète sur notre vie de couple ? Et s'il prenait trop de place ? Et si je ne prenais plus le temps d'être féminine et jolie ? Et si je ne prenais plus le temps pour te plaire, pour te séduire ?
Vais-je arriver à le protéger ? Vais-je bien l'éduquer ? Et s'il devenait pourri gâté ? Et si je n'avais aucune autorité ? Et si je ne le supportais plus ? Peut-on seulement ne plus supporter ?
Et s'il marche plus tard que la moyenne ? Et s'il n'arrive pas à être propre ? Et si ses douleurs dentaires sont ingérables ? Et s'il doit être hospitalisé ? 
Saurai-je lui apprendre les valeurs qui nous tiennent à cœur ? Saurai-je lui révéler la beauté de la vie et de l'émerveillement ? Saurai-je lui apprendre la reconnaissance ? L'humilité ? Le rire ? L'amour ? La foi ?
Et s'il refusait le Seigneur dans sa vie ? Et s'il n'acceptait pas Jésus comme son Sauveur ?
Et s'il se droguait derrière mon dos ? Et s'il était malheureux ? Et s'il voulait mourir ? Et s'il volait ? Et s'il devenait parent à 17 ans ? 
Saurai-je lui apprendre l'importance d'un métier épanouissant plutôt que d'un statut d'élite ?
Et si je ne prenais pas un congé parental de six mois ? Et si je reprenais le travail plus tôt que prévu, par envie ? Serai-je toujours une bonne mère ? Et s'il était malheureux à la crèche ? Serai-je un bon modèle féminin ? Saurai-je préserver du temps pour moi, pour mes passions ?

Je vous avais bien dit que nous étions cinq, dans ma tête... Étrangement, malgré toutes ces questions importantes, je ressens de la paix, de la sérénité, face à son arrivée dans nos vies, à sa présence quotidienne parmi nous, à ce nouveau rythme que nous allons, tous les trois, instaurer. Un sentiment paradoxal, ambivalent, comme je le disais au début de cet article.
Être maman, ce ne sera pas de tout repos, il y aura des jours ensoleillés et des jours orageux, mais une chose est certaine : je ne pourrai jamais cesser de l'aimer, malgré tout.
Comme dirait mon conjoint : "Tu seras une excellente mère, parce que tu te poses toutes ces questions justement."
En tout cas, nous verrons très bientôt les réponses affleurer, petit à petit. Et je sourirai très certainement de me relire, d'ici quelques mois, peut-être même quelques semaines.
Un souvenir de plus dans cette grossesse, un souvenir de toi.

14 mars 2016

Comme un bouquet fraîchement coupé,

(Crédit photo : Pinterest)

La grossesse est une poésie insondable, un parcours où les parfums ne cessent d'exhaler de nouvelles fragrances toutes plus surprenantes et réjouissantes les unes que les autres, mais l'après-accouchement a aussi son lot d'émerveilleuses, qui (re)trouvent petit à petit leur place en milieu de table, comme un bouquet fraîchement coupé.
Tu es là, dans mes bras. Tes petites mains. Tes petits pieds. Tes petits cheveux. Tout est petit chez toi et pourtant tu es déjà grand.
Mais c'est aussi.
Aller chez le coiffeur et marquer ce nouveau passage par une nouvelle coupe.
Prendre le temps d'une manucure dans le salon.
Ouvrir le placard à chaussures et porter ces talons.
Avoir le ventre qui diminue et retrouver son souffle, ses pieds, ho des ballerines rouges.
Regarder les collections Printemps/été et pouvoir, cette fois, valider son panier.
Retrouver le plaisir d'une beauté retrouvée, à reconquérir.
Ouvrir ces boîtes à malice et se maquiller, savourer ces matières, ces odeurs poudreuses, si longtemps laissées là.
Retrouver le plaisir d'une lingerie délicate et de la nuisette au fond des draps.
Se sentir nouvelle, épanouie.
Appréhender son nouveau corps, et tes doigts qui constellent ma peau de douceur, d'amour.
Les plaisirs culinaires : mettez-moi un saucisson sec, un verre de vin blanc, un kilo de brie et est-ce que vous ne feriez pas les plateaux de makis aussi par hasard ?
Les concerts, les séances de cinéma, pendant que papi et mamie dévorent leur nouveau rôle.
Le parfum au creux du cou, au creux des seins.
Cette robe, ce jean, ce chemisier, cette tunique, rouge, blanc, bleu, ceinture, pas ceinture, collier, pas collier et retrouver les joies gigantesques de la mode.
Et les vacances, les voyages en train, les avions qui planent.
Se retrouver à sourire dans les transports en commun : alors c'est encore ça le métro ? et l'emprunter à l'envers pour essayer, encore, c'est trop bon.
Retrouver Paris, ses bras si tendres, m'agripper là et Paris, oh Paris, tu m'as attendue, merci.
Avoir une nouvelle thématique photo : ton visage. Et tes minuscules doigts. Tes minuscules orteils. Tes oreilles - ce qu'elles sont petites ! - tes premiers éveils, tes premiers fashion vêtements, tes premiers sourires, tes premiers bains et tes premières crises aussi.
Être une mère, être une femme, et en comprendre pleinement le sens.
Être belle. Se sentir belle. Beauté virevoltante dans les airs.
Rejouer du saxophone.
Être satisfaite d'avoir des nuits de cinq heures.
Avoir un planning surchargé, ne plus sentir les heures passées sur soi et le marathon de la vie qui reprend ; que c'est bon.
Reprendre le travail et retrouver ses collègues, son poste, ses responsabilités, sa vie de femme active.
Écrire, et avoir de meilleures raisons encore de le faire.
T'avoir avec moi, un peu partout là où mes pieds me mènent.
Te laisser le matin mais te retrouver le soir, qu'est-ce que tu m'as manqué, un bisou à maman.
Se remettre au sport et enfin dépenser sa nouvelle énergie.
Avoir peur aussi mais trouver mon réconfort dans tes bras de papa.
Faire rouler cette poussette, grand sourire aux lèvres, coucou toi, non non elle n'est pas vide !
Faire du shopping pour toi, et trouver que plus c'est petit plus c'est mignon.
Aller au spa entre filles.
Et boire six cafés, si je veux.

C'est comme si des parenthèses cotonneuses s'évaporaient, avec tendresse, pour retourner dans la vie, qui nous attendait comme un tapis roulant de métro. C'est trop bon, ça aussi.

Demain, nous pourrions très bien

(Crédit photo : Pinterest)

Demain, nous pourrions très bien être architectes, travailler ensemble sur des projets aussi savamment pensés qu'une architecture vendue par les tripes, savourer par des cœurs à l'unisson, des passions rugissantes. Toi, l'architecte extérieur, aux fondations bâties par l'âme d'un grand professionnel. Moi, l'architecte intérieur, aux décors ressentis, chaque couleur, chaque meuble, comme un travail d'artiste rangé dans un musée populaire.

Demain, nous pourrions très bien partir aux États-Unis, et s'élancer dans cette direction, parachute ouvert et vide abyssal sous les pieds, pour construire un projet digne de ce nom, pour monter une société à hauteur de nos valeurs, pour valoriser, encadrer, accrocher aux murs de nos années passées, cette passion, cette ferveur, qui nous anime chacun de notre côté, dans nos métiers respectifs, mais ensemble, dans cette fournaise ardente qu'est la passion de deux âmes, accrochée sur les lèvres comme nos baisers d'amour. Ou peut-être que c'était les Pays-bas ?

Demain, nous pourrions très bien tout claquer, tout revendre, et refaire, remettre, remodeler, reconstruire, dans un appartement en plein Paris, dans ces quartiers où la fièvre est une motivation, où l'ambition est un tuteur solide, dans les racines parisiennes d'un jardin à découvert. Paris jubilatoire. Paris ambitieux.
Mais demain, nous pourrions très bien être au fin fond d'un secret, à peine chuchoté, ici ou ailleurs - Bordeaux es-tu là ? - à taper sur des murs, déchirer des toiles et peindre des émotions éveillées, comme deux architectes investis dans un projet personnel, une maison à bâtir comme un château de cartes, des cartes qui remuent à chaque battement de cœur, pour appréhender cette force de vie, force passionnée.

Demain, nous pourrions très bien donner un nom aux vagues, chanter les embruns, et rire aux éclats sous l'écume moussante, dans ce bateau improbable.
Demain, nous pourrions très bien vrombir en décapotable, sur ces routes infinies, où les frontières n'ont ni temps, ni nom, à écouter du vieux rock et du vieux blues, comme une carte aux tracés audibles. Liberté, cheveux au vent, six bras en l'air, à mordre la vie autant qu'il en est possible. 

Demain a un goût sans cesse prononcé, demain c'est être trois, demain c'est investir des sentiments dans des possibilités infinies, demain c'est aimer, demain c'est s'approprier la mer, avec le même équilibre, les mêmes projets, les mêmes visions, le même partage, demain c'est encore plus beau, encore plus bruyant, demain c'est la vie, demain c'est ne pas avoir peur, demain c'est rire, demain c'est se connaître plus que jamais ; demain c'est vivre et revivre.

Demain, c'est déjà aujourd'hui.
Demain, c'est toi, tes premiers cris, tes premiers sourires, tes premiers pas.
Demain, c'est nous et ce que tu n'as jamais si bien dit qu'hier : "Tu es ma femme, mon amante, et ma meilleure amie. Tu me connais mieux que personne."
Demain, c'est du café bien noir, un agenda où le crayon est maître, des talons sur les pavés parisiens, des lèvres rouges et dessinées.
Demain, c'est toujours notre couple, nos mains enlacées, nos corps entrelacés, nos réflexions lovées dans les coussins du canapé, nos conversations dans les moindres recoins du temps et de la nuit, nos projets bouillonnants, faisant fi de la routine et de l'ennui des jours qui passent, des années qui se ressemblent, des sourires en carton et des sentiments amoureux comme des papillons à qui on aurait touché les ailes.
Demain, c'est une vie professionnelle qui pédale sur ce nouveau guidon, demain c'est l'ambition comme une porte qui s'ouvre après une marche méritée, demain c'est de nouvelles perspectives, de nouvelles compétences, de nouveaux clients, demain ce sont des choix, une carrière, un épanouissement.
Demain, c'est être mère et être femme.
Demain, c'est avoir la vie dans les poches et la joie qui les remplies.

11 mars 2016

Les bonheurs du printemps,

(Crédit photo : Pinterest)

Me réveiller dans cette chambre inondée de lumière, ouvrir les yeux et être absorbée par le ciel bleu dans l'encadrement du Velux, et entendre les oiseaux qui chantent.

Ranger le manteau et porter son perfecto noir, avec cette étole rouge baisers.

Marcher main dans la main dans cette forêt, et s'arrêter devant toutes les fleurs qui s'ouvrent, toutes ces branches qui lentement se parent des plus beaux bijoux, et s'émerveiller, avoir envie d'être une fleur, de renaître, et renaître.

Fenêtres ouvertes et brises légères, écouter du Blues en se laissant vivre, penser, respirer.

Découvrir les premiers fruits sucrés, voir les premières fraises sur les étales des marchés, et savourer cette barquette avec toi sur un banc, comme deux enfants.

Remettre ces robes, ces collants légers, et ces ballerines d'amour.

Le parfum des roses, sur les trottoirs.

S'asseoir Place des Vosges, écouter les enfants jouer et admirer ce collier d'arbres fleuris, et être là, au bon endroit, avec toi.

Mes Refresha au citron vert au Starbucks du coin.

Les nouvelles collections mode, beauté et design, tous ces magazines qui arrivent dans ma boîte aux lettres, toutes ces pages d'inspiration, de fraîcheur, de féminité, de douceur.

Les concerts de Jazz en plein air, improvisés, au Jardin du Luxembourg.

Manger des Granolas au bord de l'eau, nos pieds se balançant dans le vide, avec toi.

Ressortir son salon de jardin, bouquiner entre mi-ombre, mi-soleil, et s'attendrir du chat qui vient nous tenir compagnie avec tendresse.

Étendre le linge dehors et chatouiller son nez avec les odeurs de lessive au grand air.

Manger dehors à la lumière des lampions en papier.

Refaire le monde au Parc de Saint-Cloud, et s'asseoir là, Paris à 180°.

Bob Dylan dans la voiture.

Retrouver nos Mojitos en terrasse, sur cette petite place Dauphine, là où Paris chuchote des secrets.

Le fleuriste aussi se pare de couleurs nouvelles avec le soleil qui dégouline.

Peindre au bord de la fenêtre, un chignon brouillon et des petits cheveux rebelles au coin du visage, en grande conversation avec le soleil.

Les projets de vacances qui doucement se préparent.

Tes bouquets de pivoines.

Les jours qui rallongent et qui me permettent de marcher avec toi, dans ces petites rues, dès que tu rentres du travail.

Cuisiner des desserts aux fruits rouges.

Et le saxophone qui doucement s'évapore par les fenêtres ouvertes, les rideaux qui volent.

Regarder la poussette en même temps, sourire ensemble : "C'est pour bientôt, il est là notre bonheur du printemps."